Ni Guru ni Maître… Ces quelques mots, souvent prononcés par Jean Dubuis, traduisent clairement la façon dont il conçoit sa mission : désocculter la connaissance et la transmettre dans un esprit de liberté, proposer des outils pour marcher dans le sens de son Devenir, rappelant que pour comprendre Le Grand Livre de la Nature, deux choses sont nécessaires : « une tête bien faite et un coeur généreux ». Il invite au « Ora et Labora » (« médite et travaille »). Ainsi, est toujours sienne la devise du Bouddha Gauthama : "Ne crois rien parce qu'on t'aura montré le témoignage écrit de quelque sage ancien. Ne crois rien sur l'autorité des Maîtres ou des Prêtres. Mais ce qui s'accordera avec ton expérience et après une étude approfondie satisfera ta raison et tendra vers ton bien cela tu pourras l'accepter comme vrai et y conformer ta vie".

samedi 27 mars 2010

Vers une médecine sacramentelle - Thérapies - Médecine médiévale - par Cyrille Pelard


Une médecine non médicale est-elle envisageable dans notre vision du monde ? Non si l’on s’en tient au paradigme de la raison et de la science. Oui si l’on renoue avec un sens actif et opératif du sacré. En effet, à l’origine de la pensée chrétienne, salut et santé sont deux termes permutables, inclus d’ailleurs dans le même terme grec « soteria ». D’après Cyrille Pelard, le Christ se présente à nous comme grand Thérapeute afin de nous sauver, nous guérir, nous re-susciter. Il nous montre l’exemple car, dit-il, le « thérapeute » est celui qui, d’abord, conduit vers Dieu : de cette réorientation de l’être découleront santé et bien-être.
Tout sacrement est un rite symbolique de guérison ; le parcours spirituel du chrétien vise donc la traversée des cercles de la mort, avec Iéschoua pour guide, et ce jusqu’à la Vie éternelle. Ainsi, l’Eucharistie donne liturgiquement ce pain de Vie, ce vin d’éternité et l’ onction d’huile (Euchélaïon) enveloppe de force odorante et de douceur pénétrante l’impétrant, afin de faire mieux passer les prières dans son corps.

La maladie n’est donc pas que mécanique, mais au contraire, elle peut être lue comme le terminal physique d’un mal invisible qui se dit (mal-a-dit). Si chaque maladie invite à une remise en question, chaque geste de guérison s’appuie sur une représentation du monde implicite. La médecine apparait donc innervée de philosophie, de métaphysique et d’un mystère de transcendance. Guérir c’est revenir à Dieu, à ce soi-même ignoré de soi. La guérison, de somatique parce que nous sommes au creuset de la matière, se doit d’être spirituelle parce que nous sommes aussi opérateurs de conscience.


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jeudi 25 mars 2010

FORUM DIALOGUE INTERRELIGIEUX

Benoît Billot,
le père zazen


Ce prêtre bénédictin a découvert, dans les années 1980, le Japon et sa tradition du bouddhisme zen. De cette « greffe réussie », est née l'envie de revisiter la foi chrétienne pour y intégrer la « sagesse du corps ».

Rassemblés en cercle, des moines bouddhistes du village des Pruniers méditent aux côtés du prêtre bénédictin Benoît Billot. L'homme de 75 ans ne quitte pas sa croix de bois pendue au cou pour cette rencontre avec les membres de la sangha de l'Inter-Être, en retraite pour plusieurs jours au prieuré d'Étiolles. Un coussin sous sa jambe gauche l'aide à tenir une assise impeccable et trahit une pratique assidue. Les moines sont intrigués et veulent en savoir davantage sur sa découverte du zazen, cette posture chère à Bouddha :
« Quand j ai eu une tuberculose pulmonaire à 35 ans, je me suis rendu compte que le christianisme négligeait le corps. Or, le divin s'incarne dans le corporel, dans les formes. J'ai commencé par faire vingt-cinq minutes d'assise le matin et le soir, car je sentais que c'était bon pour moi. Puis je suis parti au japon où j ai découvert une autre manière de pratiquer le zen. »
S'il raconte modestement sa rencontre avec cette culture orientale, son voyage au pays du Soleil levant représente pourtant une expérience historique et inédite pour l'époque: en 1983, une vingtaine de moines et de moniales catholiques rendent visite à leurs homologues, dans le cadre du dialogue interreligieux monastique. Des caméras du monde entier couvrent l'événement. Benoît Billot en a fait un livre (Voyage dans les monastères zen, Desclée de Brouwer,1987), tant il a subi un dépaysement profond et ébranlant: « Ma vie monastique et ma foi chrétienne ont été dépoussiérées. Jai vécu cette expérience comme un recommencement, une seconde illumination. »

« Être sur la route qu'il faut »

Le premier choc remonte à l'âge de 25 ans. Malgré une éducation catholique très stricte et rigide, sa foi lui apparaît un jour comme une vocation, un appel divin : « Soudain, l'univers s'est transformé dans mon esprit. La profession, la vie de famille que je désirais ont disparu. Le choix de la vie monastique est devenu clair. Depuis ce moment, je ressens une énergie étonnante et le sentiment d'être sur la route qu il faut. » Benoît Billot abandonne ses études d'horticulture et devient prêtre à 31 ans. Au monastère bénédictin du prieuré Saint-Grégoire-de-Rungis, il mène une existence communautaire intense, entouré de ses « frères ». Mais la certitude du chemin n'évince pas ses questionnements. Il se sent étouffer dans ses croyances. La remise en cause ne suffit pas. Les années passent. La peur de devenir amer et aigri le tenaille. La maladie frappe. Au sanatorium, il réalise qu'il doit trouver un nouveau souffle spirituel. Pour mieux respirer. Et remédier à l'intégration physique, en panne dans son christianisme d'origine. L'Inde l'attire. Des amis l'y invitent. Il s'essaie au yoga et séjourne plusieurs fois dans des âshrams, sans grande conviction: « J'ai rencontré plusieurs swamis, des maîtres, mais je n'ai pas senti un appel très fort de l'hindouisme, ni une parenté particulière avec cette religion. » Dans les monastères bouddhistes, il renaît. Les Japonais le reçoivent avec tant de solennité et de sérieux qu'il se sent intégralement plongé dans le bain monastique zen. L’expérience est transcendante. Le bouddhisme devient sa seconde religion. Il aime décrire sa démarche comme une « greffe réussie ». Désormais, il n'« a » plus un corps, il « est » un corps: « C'est un changement de perspective considérable. Par exemple, les maladies sont dépendantes du corps, mais aussi du psychisme et de l histoire personnelle. De plus, on doit apprendre aux gens à vieillir, à accepter leur corps qui change. Il faut sortir de cette tradition chrétienne qui conçoit le corps comme un obstacle au salut. » Benoît Billot aborde cette problématique lors de retraites organisées au prieuré pour les personnes de plus de 70 ans.

Psychanalyse et quête du divin

Au quotidien, il travaille la détente et la circulation des énergies, une technique qui évite, selon lui, les pathologies. Pendant l'assise, il ne fait rien d'autre « qu' étre là, dans la présence et dans l'accueil ». En cela, il croit se rapprocher de Bouddha. À travers cette « sagesse du corps » inséparable de l'esprit, il repense son lien avec Dieu, sans dualité: « Plus jeune, la frontière entre Dieu et moi était infranchissable à mes yeux.,Avec le bouddhisme zen, jai rencontré l'apophatisme, c'est-à-dire le fait que toutes les définitions de Dieu sont inexactes. Quelque chose de plus profond unit les individus. Il existe une relation entre l Éternel et moi. Aujourd'hui, dans mes rapports avec le Seigneur, je suis lui et il est moi. » Benoît Billot a également fait une psychanalyse durant dix ans, après plusieurs séjours en Allemagne, dans le centre de son ami psychothérapeute Karlfried Graf Dürkheim. Ce travail introspectif a nourri sa foi. Selon lui, l'exercice psychologique relève du divin: « Il y a plus que le niveau psychologique et inconscient. On peut sentir une sorte de vibration, un ailleurs qui se manifeste dans la prise de conscience. La psychanalyse m'a appris à ramener Dieu dans mon quotidien. »
Cette quête spirituelle, Benoît Billot la partage. En 1989, il fonde la Maison de Tobie. À l'image du personnage biblique, l'association invite à un parcours initiatique par

« Il faut sortir de cette tradition chrétienne qui conçoit le corps comme un obstacle au salut »

http://www.lamaisondetobie.com/index.php?page=activites&act=11&p=description

la contemplation, la « prière du coeur » et la méditation. Des pratiques qui s'inspirent du bouddhisme et du christianisme. Avant sa rencontre avec le zen, les rencontres interreligieuses le préoccupaient déjà: en 1981, il est nommé responsable du dialogue interreligieux monastique (DIM) pour la France et la Suisse. A ce titre, il est souvent considéré comme spécialiste de la question. Son dernier ouvrage, Comment peut on être chrétien ? (Relié, 2009), synthétise ses expériences et montre la possibilité de revisiter la foi chrétienne à travers d'autres traditions religieuses. Benoît Billot sait que son parcours ne fait pas l'unanimité. Il s'amuse qu'un jour, on ait pu lui dire qu'il pactisait avec le diable ! Pour lui, le dialogue interreligieux est une urgence, une lutte pour que « les portes et les fenêtres des différentes religions ne se referment pas ».

Séverine Sannom

Source : Le Monde des religions, N° 39, page 18 et 19, janvier-février 2010
http://www.laboutiquelemondedesreligions.fr

lundi 8 mars 2010

Interview Tamura Nobuyoshi, l'aigle de l'Aïkido


Interview Tamura Nobuyoshi, l'aigle de l'Aïkido

Tamura Nobuyoshi est 8ème dan de l’Aïkikaï de Tokyo. Proche disciple de Moriheï Ueshiba, fondateur de l’Aïkido, il vit en France depuis 43 ans et enseigne à travers le monde.

Le sourire bienveillant et la frêle silhouette de maître Tamura sont connus des pratiquants du monde entier. De même que le regard d’aigle et l’extraordinaire virtuosité technique dont il fait preuve dès qu’il pratique.
L’Aïkido de maître Tamura est rapide, subtil et extrêmement martial. Après plus de cinquante ans de pratique sa technique est si aiguisée que tous les mouvements superficiels ont disparus ne laissant aujourd’hui transparaître que l’essence de son art dans des gestes si subtils qu’ils sont presque invisibles et paraissent magiques au non-initié.

Evitant d’ordinaire les médias maître Tamura nous a accordé une interview exceptionnelle où il nous livre les souvenirs et les réflexions d’une vie de pratique. Rencontre avec un maître de légende au regard acéré mais plein d’humour...

Tamura Nobuyoshi, l'aigle de l'Aïkido

Bonjour senseï. Quelle est la différence entre le Budo et le Bujutsu ?

Au départ les techniques sont nées à la suite de l’analyse de combats victorieux. C’est ainsi qu’ont été créés les premiers kumitachis (enchaînements de sabre à deux). On a découvert que tels mouvements permettaient de faire face à tel type d’attaque. Petit à petit les techniques ont été rassemblées afin de créer un chemin qui pouvait être emprunté par l’entraînement.
Mais bu a un sens différent selon les personnes. Pour certains il s’agit d’un force destructrice, pour d’autres c’est une force de paix.
Jutsu signifie technique et do signifie voie. Etudier un jutsu c’est apprendre une technique qui sert à accomplir un but, dont l’utilisation est une finalité en soi. Etudier un do c’est suivre un chemin vers l’homme qui est en nous. Un chemin que chacun peut emprunter et qui a été créé pour pouvoir être suivi par tous.
C’est cette idée qui est aussi à la base du shintoïsme ou du bouddhisme. Maintenant malheureusement nous sommes souvent loin de cette idée d’origine...

suite sur :
http://www.tsubakijournal.com/article-7142924.html

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