Ni Guru ni Maître… Ces quelques mots, souvent prononcés par Jean Dubuis, traduisent clairement la façon dont il conçoit sa mission : désocculter la connaissance et la transmettre dans un esprit de liberté, proposer des outils pour marcher dans le sens de son Devenir, rappelant que pour comprendre Le Grand Livre de la Nature, deux choses sont nécessaires : « une tête bien faite et un coeur généreux ». Il invite au « Ora et Labora » (« médite et travaille »). Ainsi, est toujours sienne la devise du Bouddha Gauthama : "Ne crois rien parce qu'on t'aura montré le témoignage écrit de quelque sage ancien. Ne crois rien sur l'autorité des Maîtres ou des Prêtres. Mais ce qui s'accordera avec ton expérience et après une étude approfondie satisfera ta raison et tendra vers ton bien cela tu pourras l'accepter comme vrai et y conformer ta vie".

mardi 20 octobre 2009

Lama Gyourmé



Vidéo "Medicine Buddha Mantra" interpétré par le Lama Gyourmé aux claviers Jean-Philippe Rykiel et Loy Ehrlich



Lama Gyourmé Lama Gyourmé Gyurme en anglais (dans les deux cas prononcez Djiourmé) est né en 1948 au Bouthan. Son père, l'érudit et réputé Lama Pékar était responsable du monastère de Djang Tchoub Tcheu Ling et y représentait la princesse Ashe Wangmo qui joua un rôle important dans la vie de l'enfant. En effet, cinq mois avant qu'il naisse, elle prédit la venue d'un garçon et lui donna le nom de Karma Gyourmé.

Plus tard, remarquant les grandes qualités de l'enfant et son attrait pour la vie monastique, elle suggéra qu'il commence son éducation religieuse au monastère.

A dix ans, Lama Gyourmé rencontre pour la première fois le Très Vénérable Kalou Rinpoché et prenant auprès de Sa Sainteté le XVIème Karmapa, les vœux d'ordination mineure, il reçoit le merveilleux nom de " Karma Phende Djoung Né : " La source de bienfaits et de bonheur "

A dix-huit ans, il rentre en retraite de trois ans trois mois et trois jours au monastère de Sonada, répondant ainsi au souhait de Kalou Rinpoché.Il prend, durant la retraite, les vœux d'ordination majeure et à sa sortie, Rinpoché le nomme " oumze ", autrement dit Maître des cérémonies, des rituels, des chants et des danses sacrées.

Pour parfaire son apprentissage religieux et philosophique, il étudie à Rumtek au Sikkim, auprès de Sa Sainteté Le XVIème Karmapa qui lui remet le diplôme d'enseignant de la tradition Kagyupa.

Un jour de sa 25ème année, alors qu'il accompagne son Maître Kalou Rinpoché en France, Lama Gyourmé apprend qu'il va demeurer à Paris pour y instruire et guider les êtres.

Pour la première fois en France un centre bouddhiste tibétain Kagyupa , béni par Sa Sainteté le XVIème Karmapa en 1975 en lui prédisant un très bel avenir, a été créé. Le Très Vénérable Kalou Rinpoché donna le nom de Kagyu Euser tcheu Dzong ce qui signifie " la citadelle de claire lumière " en nommant Lama Gyourmé responsable du centre. Enfin grâce à la ville de Paris, à l'Institut International Bouddhique, et grâce à l'aide de généreux donateurs et de nombreux bénévoles, le temple actuel a été inauguré en 1985.

L'autre centre qui a été demandé à Lama Gyourmé de diriger est le centre de Vajradhara Ling, situé en pleine campagne normande, non loin de Lisieux.
La création de cette congrégation a été annoncée par une merveilleuse prophétie de Sa Sainteté le XVIème Karmapa : alors que plusieurs Rinpochés proposaient de donner le nom de Vajradhara à la nouvelle université de Rumtek, Sa Sainteté préféra celui de " Nalanda ", car avait-elle affirmé : " un centre sera très prochainement fondé en Occident et les disciples choisiront de l'appeler " Vajradhara ".

" Le Jardin du Bouddha Vajradhara " fut inauguré en 1982. Depuis, dans cet espace ouvert en pleine nature, se sont construit un moulin à prières et un grand stoupa, dédiés tous les deux, selon le souhait du précédent Kalou Rinpoché à la paix dans le monde.

Il s'occupe aussi du centre de retraite de Mahamoudra Ling également situé en Normandie, dédié aux pratiquants souhaitant faire des petites retraites d'une semaine, d'un mois, jusqu'à la traditionelle retraite de trois ans.

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http://www.amazon.fr/Rain-Blessing-Chants-Lama-Gyourme/dp/B00003OT8L


http://musique.fnac.com/a838544/Jean-Philippe-Rykiel-Rain-of-blessings-vajra-chants-CD-album?PID=2

ou chez votre disquaire habituel


Il y a tout juste dix ans, Lama Gyourmé** et Jean-Philippe Rykiel signaient « Songs Of Awakening/Souhaits Pour L'Eveil ». Cet album qui fait figure d'ovni dans le paysage musical de l'époque va connaître un succès aussi inattendu qu'exceptionnel dans de nombreux pays européens (plus de 200 000 exemplaires vendus), particulièrement en Espagne (où il est certifié disque d'or), en Italie et en France. Il est depuis devenu un « classique », souvent imité, jamais égalé.

Pour célébrer cet anniversaire, Last Call et Taktic Music proposent une réédition remasterisée de « Songs Of Awakening » accompagnée d'un CD bonus d'enregistrements en public inédits à ce jour. Témoignages de moments exceptionnels vécus lors des tournées 1995/96/97 et 2000/2001, ces versions se distinguent des enregistrements studio par leur ampleur et par l'intensité du chant de Lama Gyourmé, soutenu par les claviers de Jean-Philippe Rykiel et Loy Ehrlich.
Salles de concerts, cathédrales, théâtres, festivals en plein air, grottes (si si), chaque performance fut une aventure renouvelée dont « Roads Of Blessings » présente les plus beaux moments couvrant le répertoire de « Songs Of Awakening » bien sûr, mais également du deuxième album de Lama Gyourmé et jean-Philippe Rykiel, « Rain Of Blessings , enregistré en 2000 pour Real World Records à la demande de Peter Gabriel.

Le packaging et l'artwork de ce double-album intitulé « The Lama's Chants : Songs Of Awakening/Roads Of Blessings » ont fait l'objet d'une attention toute particulière afin d'offrir à ces deux disques un écrin digne de leur contenu

mardi 13 octobre 2009

( Wou - men - kouan ) - ( Mu-mon-kan )- Règle 5. : HIANG-YEN ET L’ ARBRE















Le précepteur Hiang-yen dit : « C'est comme un homme juché sur un arbre : il se tient par les dents à une branche sans la saisir des mains ni toucher l'arbre avec ses pieds. Supposons qu'un autre homme situé sous cet arbre lui demande : « Quel est le sens de la venue en Chine du premier Patriarche? » Si cet homme ne fournit aucune réponse, il contrevient à l'attente du questionneur. S'il répond, il perd la vie. A ce moment-là, quelle réponse doit-il donner ?.

Réflexions badines de Wou-men

Même l'éloquence semblable au torrent est tout à fait inutile. Même si l'on peut prêcher le grand dogme du bouddhisme, c'est aussi inutile. Si vous pouvez répondre à ce sujet, vous pourrez faire renaître la voie morte antérieure et détruire la voie vivante antérieure. Sinon, attendez l'arrivée de Maitreya (i) et demandez-lui. Voici mon poème :

Hiang-yen est vraiment peu soigneux.
Son venin est inépuisable.
Il rend le moine muet,
Fait jaillir des yeux des démons de tout son corps.


Notes explicatives

Au début, Hiang-yen était sous la direction de Potchang, mais celui-ci mourut avant que Hiang-yen eût pénétré la vérité du Zen. Il alla donc auprès de Kou-eichan (771-853), l'un des premiers disciples de Po-tchang. Kouei-chan lui demanda : « J'entends dire que tu avais l'intelligence particulièrement prompte parmi les moines sous la direction de mon maître défunt. Cependant la compréhension intellectuelle ne sert en rien à la délivrance de la naissance et de la mort. Je laisse de côté toutes tes études poursuivies jusqu'à présent. Dis-moi un mot sur ton Visage originel, avant d'être né de tes parents. » Ainsi interrogé, Hiang-yen ne sut que répondre. Il se retira dans sa cellule pour examiner soigneusement ses livres et notes qu'il avait étudiés. Mais il ne put y trouver une phrase susceptible d'être présentée à son maître; il rencontra donc celui-ci, l'implorant pour qu'il lui enseignât la vérité profonde du Zen. Alors, le maître lui répondit : « Si j'essayais de t'expliquer le Zen, tu aurais plus tard l'occasion de te moquer de moi. De plus, tout ce que je pourrais t'enseigner est de ma compréhension et non de la tienne. » Ainsi, il lui refusait tout enseignement. Hiang-yen fut déçu et se trouva dans une impasse. En fin de compte, il brûla tous ses livres et toutes ses notes, en décidant d'abandonner l'étude du bouddhisme, de se retirer complètement du monde et de passer le reste de sa vie comme simple moine. De suite, il alla faire ses adieux à son maître.
Celui-ci lui dit froidement : « Fais comme tu veux !»

Ainsi, Hiang-yen a perdu l'attachement à son entendement et l'orgueil de sa sagesse. Sans doute, est-ce le point de départ du processus religieux. Mais, surtout, je crois qu'on peut être quelque peu surpris par l'attitude rigide du maître du Zen pour guider son disciple. Un proverbe de l'école du Zen dit : « La petite compassion empêche la grande miséricorde.» L'attitude d'aspect impitoyable de Kouei-chan a obligé Hiang-yen à approfondir jusqu'au bout le Zen. Sans cette attitude du maître, son disciple se serait arrêté à mi-chemin.

Hiang-yen quitta Kouei-chan et construisit une hutte près de la tombe du maître national Houei-tchong à Nanyang. Bien qu'il se fût retiré du monde, il ne pouvait se soustraire au problème. Un jour, tandis qu'il balayait, il projeta un caillou contre un bambou. Au moment où le son jaillit, il réalisa le grand Eveil. Il trouva son Visage originel, avant d'être né de ses parents. En hâte, il rentra dans sa hutte, il purifia son corps par un bain et il s'inclina de loin devant son maître Kouei-chan en brûlant de l'encens. Il tomba en adoration, disant : « Le bienfait de la grande miséricorde de mon maître surpasse celle de mes parents. S'il m'avait jadis expliqué la vérité du Zen à ma demande, je ne pourrais pas connaître l'Eveil aussi pleinement qu'aujourd'liui. » Et il composa la poésie suivante :

« Par un choc j'oublie mes connaissances antérieures,
Je n'ai absolument pas besoin de les restaurer.
Dans chaque agissement j'élève la Voie ancienne,
Je ne tombe jamais dans la négation du simple quiétisme.
N'importe où, je ne laisse aucune trace,
Mes sens ne sont pas entravés par des règles extérieures.
Tous les experts de la Voie dans les provinces
Disent que celui-ci est doué de l'activité suprême.»


De suite, il rentra chez Kouei-chan.

Ayant entendu cette poésie, le maître dit à Yang-chan (807-883) : « Ce disciple a vraiment pénétré dans la Voie ! » Yang-chan répondit : « Ces vers sont la création artificielle d'une pensée réfléchie. Attendez, que j'aie vu moi-même ce qu'il en est. » Yang-chan rencontra par la suite Hiang-yen et lui dit : « Notre maître a fait votre éloge parce que vous avez eu l'Eveil, si important ! Expliquez-moi un peu cela pour voir. » Hiang-yen récita de nouveau sa poésie. Yang-chan : « Ces vers sont l'effet d'une pensée attachée encore aux anciennes imprégnations. Si vous avez eu l'Eveil correct, dites encore quelques mots pour voir. » Hiang-yen composa alors cette nouvelle poésie :

« L'année passée, ma pauvreté n'était pas encore [véritable;
C'est seulement de cette année qu'elle est pauvreté.
L'année passée, dans ma pauvreté, j'avais encore l'espace [de la pointe d'une alêne ;
Cette année, dans ma pauvreté, je n'ai même plus cet [espace. »


Yang-chan dit :« Voilà le Zen du Tathâgata !» Et ils rendirent gloire ensemble à la caractéristique de l'école du grand Kouein-chan.

L'expérience, relatée ci-dessus, de l'impasse de Hiang-yen caractérise expressément la Règle 5 où il pose aux étudiants une antinomie. La question sur le « sens de la venue en Chine du premier Patriarche » est un des thèmes les plus fréquemment formés par le zéniste chinois. Elle signifie :« quelle est la vérité ultime du Zen transmis en Chine par Bodhidharma? », ce à quoi le zéniste ne peut manquer de répondre sur l'honneur. Mais, s'il répond, il tombe pour s'écraser en cette Règle. Dans cette impasse antinomique comment répondrez-vous, lecteurs? La question posée par Hiang-yen du haut de la chaire, le doyen Hou-t'eou (Tête du tigre) sort du rang des auditeurs et dit : « Je ne demande pas dans le cas où on est sur l'arbre, mais je vous prie de me répondre dans le cas où on n'est pas encore sur l'arbre. » Alors, Hiang-yen rit largement à haute voix. Cet exemple vous donnera quelque suggestion.

Les réflexions badines et le poème de Wou-men donnent l'image réelle du moyen âpre de Hiang-yen qui jette l'étudiant au milieu de la souffrance à un point tel que cela peut faire jaillir des yeux de démons de tout son corps. Wou-men qualifie cela de « peu soigneux », par taquinerie. Mais, si l'étudiant ressuscite à travers cette impasse, il aura la grande activité telle qu'il pourrait faire de notre Ignorance sans commencement la Sagesse suprême (faire renaître la voie morte antérieure) et détruire notre idée fausse de l'éveil (détruire la voie vivante antérieure).

Qu'est-ce que le Zen du Tathâgata admis par Yang¬chan? (« L'Ainsi Venu ou Tathâgata », un des dix noms du Bouddha. Le Bouddha vient ici-bas par la Voie de « l'Ainsité » et, réalisant l'Eveil, enseigne aux ignorants.) « La préface générale de la collection des jugements critiques sur les sources du Zen » de Tsong-mi (780-841) (2) en donne la meilleure explication.

« Bien que l'Essence vraie ne soit ni souillée ni pure et bien qu'elle ne soit pas différente pour le sage ou l'ignorant, il y a une différence de degré dans l'école du Zen, ou peu profond ou profond.

1° Le Zen de l'hérétique. On exerce le Zen par discrimination, en aimant le supérieur et haïssant l'inférieur.

2° Le Zen du vulgaire. Bien qu'on croie d'une façon juste à la cause et au fruit, on exerce le Zen encore par discrimination de l'aimable et du haïssable.

3° Le Zen du petit Véhicule. On exerce le Zen, en comprenant unilatéralement le principe du Vide du Moi.

4.° Le Zen du grand Véhicule. On exerce le Zen, en comprenant la vérité exprimée de deux Vides du Moi et de l'objet phénoménal.

5° Le Zen du suprême Véhicule ou le Zen pur du Tathâgata. On comprend instantanément que notre esprit est pur originellement, n'a pas de passions depuis l'origine, est pourvu de lui-même, dès le commencement, de la Nature de la Sagesse sans souillure, et qu'il est lui-même le Bouddha, n'est, enfin, pas différent de celui-ci, et qu'on exerce le Zen, dirigé par cette Connaissance... C'est ce Zen que les maîtres de l'école de Bodhidharma ont transmis successivement. »

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(1) Maitreya, Bodhisattva qui paraîtra ici-bas 5 670 000 000 d’ans après et sauvera le monde d'après la mythologie bouddhique. Wou-men dit : « Celui qui est stupide au point de ne pas comprendre le Zen, même après cet enseignement direct de Hiang-yen, doit lambiner jusqu'au temps de Maitreya. »

(2) L'auteur était 1e quatrième successeur de la Loi de Chen-houei et en même temps maître de l'école du Kegon (Avatamsaka). C'est ainsi qu'il fut le meilleur connaisseur dans l'enseignement doctrinal du bouddhisme parmi les zénistes chinois. Chen-houei était l'un des successeurs du sixième patriarche du Zen :
Houei-neng. Ses entretiens ont été traduits en français par M. Jacques Gernet.